mardi 17 avril 2012

Quel avenir pour la France ?

Vers un nouveau modèle Français
La France en déclin : regardons la réalité en face

 La situation Française est singulière et exceptionnelle par rapport aux autres grands pays dits « industrialisés » : le rôle  du secteur privé productif dans l’économie est trop limité (42 % du PIB contre 57 % du PIB en RFA et 59 % en Italie !), l’industrie et ses (ex) nombreuses PME sont en voie de disparition, la croissance est portée exclusivement par les grands Groupes (banque, hôtellerie, luxe,…), la spécialisation est  trop orientée vers des activités de service à faible valeur ajoutée et un coût unitaire du travail qui a explosé –la plus forte augmentation depuis 10 ans de toute l’OCDE (33 € contre 27 € en Allemagne et 26 € en Italie).

Toutes ces faiblesses structurelles ont installé une conjoncture dangereuse :
 La croissance est passée de 3,5 % par an dans les années 70 à 1,1 % dans les années 2000 avec l’affaiblissement des entreprises et de la compétitivité.
 Un chômage structurel de masse élevé (2 850 000 chercheurs d’emploi en février 2012). Une augmentation de 900 000 chômeurs en 6 ans.
 Un déficit commercial qui a atteint un niveau record (76 Milliards d’euros). Une aggravation depuis 10 ans de 12 %.
 De manière moins connue, le taux de productivité en France a baissé depuis 3 ans de -5 %, ce qui est une première dans l’histoire du pays (Conséquences des 35 heures dans certains secteurs, RTT, jours de congés, absentéisme, démotivation,…).
 Dans le même temps, la dette publique de la France (dette brute de l’ensemble des administrations publiques françaises ; l'ensemble des engagements financiers, sous forme d'emprunts, pris par l’État, les collectivités territoriales et les organismes publics français - entreprises publiques, certains organismes de sécurité sociale…) a explosé (passé en trente ans de 21 % du PIB à 86 %) et place le pays sous la menace directe des marchés financiers.

La crise a bon dos : les raisons sont ailleurs

 Le déclin français ne s’explique pas seulement par la crise mais surtout par l’implosion d’un modèle économique et social qui s’appuie depuis 30 ans sur la dette publique.
Depuis 1980, la dette s’est substituée à l’inflation des « 30 glorieuses », pour lisser les tensions sur les salaires et la répartition des richesses. La libéralisation et l’internationalisation du secteur privé  ont engendré une dérive de la dépense publique (les dépenses - 57 % du PIB - et les recettes publiques - 50 % du PIB - sont les plus élevées des pays développés) et la création d’un méga-secteur public protégé (le pays a 5,8 Millions de fonctionnaires - +22 % depuis 2002 - ce qui place la France comme la nation la plus « fonctionnarisée » de l’OCDE avec un code de la Fonction Publique intouchable).
Le modèle Français, est arrivé à la fin de son histoire avec « des finances publiques à la grecque, des prélèvements à la danoise, une compétitivité à l’espagnole et une monnaie à l’allemande ».

 Parallèlement, la France refuse de voir son déclin en face et de prendre en compte le nouvel environnement de la mondialisation, ce qui explique les échecs de la modernisation du pays. La France s’enferme dans sa spécificité, déconnectée de la réalité, avec un redressement et des reformes rendues impossibles par plusieurs facteurs : une gestion gouvernementale qui oscille maladroitement entre un libéralisme financier sauvage irresponsable et un keynésianisme générateur de pouvoir d’achat redistributeur inefficace, une classe politique figée, idéologique et odieusement partisane qui pense avant tout à son clientélisme électoral (avant de penser à l’intérêt du pays), une fonction publique « égoïste » et « corporative » qui bloque tout progrès, des collectivités locales dépensières et sottement frondeuses, et une société française bloquée et frileuse, repliée sur elle-même et sur son clivage stérile Gauche-Droite, qui a encore peur de l’Europe et de la mondialisation.

Pourtant la France dispose d’atouts majeurs : sa situation géographique (carrefour entre le nord et le sud, porte vers l’Atlantique,…), le dynamisme de sa démographie, la qualité du système éducatif supérieur, une main d’œuvre qualifiée et productive, des ressources d’épargne abondantes, des infrastructures de grande qualité, des pôles d’excellence (secteur privé comme secteur public), un art de vivre envié par tous, une histoire, un patrimoine et une culture sans équivalent, la diversité et la richesse des origines de sa population et une culture de l’intelligence et de l’humanisme.

Mais tous ces points forts sont annulés par un modèle économique et social fondé sur une économie fermée et administrée, alors que la France aurait tout pour réussir.

La révolution tranquille : une nouvelle voie possible
Le déclin n’est pas inéluctable et la réforme du modèle français est encore possible. Les principes de remise en route sont clairs et pourraient passer d’abord par cinq axes de fond prioritaires :
 Un nouveau « projet productif » macro-économique lisible et courageux, accompagné de réformes de structure, qui passerait par la définition d’une stratégie et d’un projet économique et social à 5 ans, la construction de filières compétitives (comme l’Allemagne ou l’Italie) ; une remise en cause de la gouvernance politique et administrative vers plus de courage et de transparence ; la préférence des thérapies de choc courageuses sur les mesures graduelles, ponctuelles ou démagogiques ; la réhabilitation de l’entreprenariat, de la production, du travail, de l’investissement et de l’innovation, la fin de certains privilèges honteux de la fonction publique (ou d’entreprises publiques) et enfin  l’encouragement des français à investir davantage leur épargne dans les entreprises.

 Dans le même temps, le pays doit reprendre en main ses finances publiques de manière draconienne en assumant une stratégie de rigueur : forte baisse des dépenses publiques ; réorientation vers l’investissement (infrastructures, enseignement, recherche, santé) et vers les fonctions régaliennes (justice surtout) ; une augmentation modérée des impôts des ménages avec un système fiscal qui frappe une base plus large qu’aujourd’hui mais  à un taux plus faible. Un effort de 120 Milliards d’euros d’ici à 2017 qui devrait idéalement être réalisé à hauteur de 80 % par des baisses de dépenses et à hauteur de 20 % par des hausses d’impôts et de privatisations. Il faudrait également mettre en place un contrôle plus strict des dépenses des collectivités locales.

 La lutte contre le chômage endémique représente le troisième axe de changement : le plein emploi ne sera possible qu’avec un retour de la croissance et donc un redressement de la compétitivité qui passerait par un New Deal de l’Emploi concret qui comporterait plusieurs axes ; Il est urgent de freiner l’envolée des coûts du travail, qui résulte plus de l’explosion des charges et de la complexité du droit du travail que de la hausse des salaires (un coût du travail qui pourrait être allégé en basculant sur les consommateurs une partie du financement de la protection sociale). Dans le même temps, un effort considérable doit être entrepris pour élever les qualifications, le travail et l’éducation restant les meilleurs antidotes à l’exclusion, aux inégalités, à la fracture et à toutes leurs conséquences néfastes (populisme, extrémisme). Enfin, Pôle Emploi devrait devenir enfin un véritable « service public privé » efficace et performant (payé par les grosses entreprises et gratuit pour ses utilisateurs) au profit de ses clients avec une obligation de formation et de propositions d’emplois ciblés.

 La création d’un « Pacte Social » (comme il existe actuellement en Allemagne)  serait un axe innovant en France pour créer l’« Economie de l’Avenir autour du Mieux Vivre Ensemble », construite sur 3 axes : l’environnement et les nouvelles énergies, les services à la personne, à la dépendance et au handicap et enfin l’aide à l’intégration et au Savoir pour les plus défavorisés : Ce système entièrement privé  serait financé par les 1000 entreprises Françaises et permettrait de créer 200 000 emplois et de se substituer à l’Etat endetté et souvent défaillant dans ces domaines.
Ce chantier est indispensable, car au-delà de sa vocation (enjeux incontournables de l’avenir), de son efficacité (créations d’emplois et de richesses) et de son caractère social (solidarité qui peut reconstruire des personnes ou des territoires « perdus »), il sera créateur d’un nouvel esprit plus ouvert et généreux, facteur d’équilibre mental et d’optimisme pour redonner confiance à la communauté dans son ensemble.

 Enfin, le renouveau se fera par une France solide dans une Europe forte : une révolution politique de l’intégration européenne aux antipodes d’un protectionnisme ou d’un populisme dévastateur, avec une véritable européanisation des politiques économiques et sociales pour créer un pôle de décision, un site de production et un espace d’innovation capables d’affronter les Etats continents du XXIe siècle. La France pourrait jouer ainsi un rôle politique moteur dans cette première expérience d’une construction multinationale fondée sur la liberté, le marché et la justice et se nourrir de cette nouvelle aventure collective pour restaurer la confiance et réussir son nouveau projet mondial.

C’est par cette nouvelle voie que la France redeviendrait elle-même, comme le disait Tocqueville, « terre d’intelligence et de richesses, productive, humaniste et courageuse, le nouveau phare des nations du monde ».

1 commentaire: