Socrate est considéré comme l’un des fondateurs de la philosophie occidentale.
Socrate a vécu, en Grèce à Athènes dans la seconde moitié du V siècle av. J-C. Il s’intéressa à des questions concrètes, relevant de l’éthique, comme par exemple la nature de la justice. Toutefois il ne se souciait guère de l’emporter dans des discussions pour gagner de l’argent. Il ne recherchait pas non plus des réponses ou des explications ; il se contentait d’examiner sur quoi sont fondés les concepts que nous employons à propos de nous-mêmes (comme « bon », « mauvais » ou « juste »), car il estimait que la compréhension de ce que nous sommes et d’où nous allons est le premier devoir de la philosophie.
La préoccupation centrale de Socrate était donc l’examen de la vie ; son questionnement incessant, sa remise en cause impitoyable des convictions auxquelles les gens tenaient le plus lui attira des haines mortelles. Dans sa plaidoirie lors de son procès, ainsi que le rapporte Platon, Socrate déclara préférer la mort plutôt qu’une vie d’ignorance « une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue ».
Mais en quoi consiste exactement cet «examen de la vie » ? Socrate a été l’un des premiers philosophes à se demander en quoi consiste une « bonne » vie. Pour lui, mener une bonne vie, c’est parvenir au bonheur en agissant selon le bien. Et le « bien » ne peut être discerné par un examen rigoureux.
Socrate réfute l’idée selon laquelle des concepts comme la vertu, le bien , seraient relatifs : il insiste sur le fait qu’il s’agit d’absolus, qui valent pour tous les hommes vivant sur terre.
Il considère que la vertu est « la possession la plus précieuse », et que personne ne désire réellement faire le mal. Si ceux qui commettent de mauvaises actions agissaient contre leur conscience , ils en souffriraient, car tous les hommes recherchent l’apaisement de l’esprit ; par conséquent le mal n’est pas quelque chose que l’on fait de façon volontaire. On fait le mal, pense Socrate, par manque de sagesse et de connaissance. Il en conclut qu’il n’y a qu’un seul bien, la connaissance, et un seul mal, l’ignorance. La connaissance est indissociablement liée à la morale-puisqu’elle est le seul « bien » qui soit-,et c’est pourquoi nous devons « examiner » notre vie en permanence.Le soin de l’âme
Pour Socrate, le savoir peut aussi jouer un rôle dans la vie après la mort. Dans l’Apologie, Platon fait prononcer à Socrate sa fameuse formule sur la « vie sans examen », les paroles suivantes : « le plus grand bien de l’homme, c’est de s’entretenir chaque jour de la vertu et des autres choses dont vous m’avez entendu discourir, m’examinant moi-même et les autres… ».
Acquérir la connaissance, plutôt que des richesses ou un rang social élevé, tel est le but ultime de la vie. Il ne s’agit pas d’un divertissement, ni de satisfaire notre curiosité- c’est notre raison même de vivre.
Qui plus est, toute connaissance est en dernière instance connaissance de soi, car c’est elle qui fait de nous ce que nous sommes dans ce monde-ci, et c’est par elle que nous pouvons prendre soin de notre âme imortelle. Dans le Phédon, Socrate dit qu’a vivre sans examen, l’ « âme est en proie à l’errance, au trouble, au vertige comme si elle était ivre », tandis que l’âme sage trouve l’équilibre
La méthode dialectique
Le plus important toutefois, c’est la méthode que Socrate employait pour examiner le savoir de ses interlocuteurs. Il se plaçait lui-même dans la posture d’un homme qui ne sait rien, et il se contentait de les questionner, en pointant les contradictions et les lacunes de leurs connaissances, pour mettre peu à peu les idées en lumière. Il comparaît sa façon de faire au métier de sage-femme qu’exerçait sa mère : il se faisait accoucheur d’idées.
À travers ces discussions Socrate était perçu comme l’homme le plus sage d’Athènes, non pas par son savoir mais parce qu’il partait du principe qu’il ne savait rien. Il était aussi conscient que l’inscription qui figure au fronton du temple de Delphes , « Gnothi se auton », connais toi-même, était aussi importante.
Pour parvenir à connaitre le monde et à se connaître soi-même, il est nécessaire de prendre la mesure de sa propre ignorance, et de se dépouiller de tout préjugé. Le but de cette démarche n’est pas d’instruire les gens, ni même d’apprendre d’eux ce qu’ils peuvent savoir mais d’explorer les idées qui sont les leurs. C’est la conversation elle-même, menée par Socrate, qui lui permettait de progresser. Grâce à ses questions, il met en lumière les idées et les présupposés de ses interlocuteurs, leur montrait les contradictions qu’ils recelaient, puis les conduisait à admettre de nouvelles conclusions.
Cette façon d’examiner une argumentation par une discussion rationnelle, à partir d’une position d’ignorance, marque un changement complet dans la pensée philosophique. C’est la première utilisation connue du raisonnement inductif (dont s’inspireront d’autres courants et religions
(Le judaïsme avec le Pilpoul, les saint simoniens avec la pensée dynamique, le marxisme avec la dialectique matérialiste, La sociologie avec l’Ecole de Palo Alto…) : on commence par poser des prémisses fondées sur l’expérience ; on en établit la vérité, puis on montre qu’elles conduisent à une vérité universelle. Ce puissant outil de raisonnement a été ensuite développé par Aristote et ensuite par Francis Bacon (père du libéralisme moderne et de la philosophie du commerce) qui a fondé sur lui sa méthode scientifique.
Socrate est à la base non seulement de la philosophie occidentale, mais de toutes les sciences empiriques. Il serait temps de le redécouvrir et de l’appliquer au quotidien à tous nos raisonnements et à nos actions, pour une vie plus juste et responsable. À méditer par nous tous !
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